QUI DIT CRAU DIT OISEAUX
Il est possible d’observer 300 espèces d’oiseaux en Crau. Les plus typiques du coussoul sont originaires des steppes d’Afrique du Nord et du Moyen-Orient. Ils trouvent, en Crau, des conditions d’aridité qu’on ne retrouve nulle part ailleurs en France. Chaque espèce trouve sa place dans cet écosystème en fonction de ses exigences écologiques.
DES OISEAUX
OUI MAIS LESQUELS ?
La Crau accueille un cortège d’oiseaux original. C’est un sanctuaire pour certaines espèces dont les effectifs sont très importants. En effet, elle abrite la seule population française de Ganga cata et une partie des effectifs français d’Alouette calandre et de Faucon crécerellette. D’autres espèces peuplent cet environnement atypique qui occupe une place majeure dans la conservation de l’avifaune en France.
LES PRINCIPALES ESPÈCES OBSERVABLES, LEURS CARACTÉRISTIQUES
ET LEUR MODE DE VIE
LE GANGA CATA OU PTEROCLES ALCHATA
Oiseau sédentaire, il vit non loin des bergeries. Il trouve un milieu ras qui lui convient et une grande quantité de graines pour s’alimenter. Il ne reste qu’une centaine de couples de gangas. Sa survie est très précaire. As du camouflage, son plumage mimétique lui permet de se dissimuler efficacement des éventuels prédateurs. Son allure générale rappelle celle du pigeon mais son corps est plus ramassé. Il niche à même le sol. Les adultes mâles abreuvent leurs petits en imbibant d’eau leurs plumes situées sur leur poitrine.
LE FAUCON CRÉCERELLETTE OU FALCO NAUMANNI
Cet oiseau migrateur, en provenance d’Afrique équatoriale, vient se reproduire dans le sud du pays. La Crau est le principal site national de reproduction de l’espèce. C’est un des rapaces les plus rares de France. Sa population est en augmentation car on compte en centaines le nombre de couples en Crau. Il chasse dans les zones peu pâturées où ses proies principales, les criquets, sont plus abondantes. La Crau abrite 95% de la population de ce faucon.
L’OUTARDE CANEPETIÈRE OU TETRAX TETRAX
La Crau héberge environ 40% de la population française nicheuse d’Outarde canepetière. Les populations françaises, plus septentrionales, sont migratrices et hivernent en Espagne. Les Outardes canepetières se nourrissent principalement de végétaux et d’insectes au printemps. Elles ne forment pas de couples. Les femelles s’occupent de leurs poussins pendant que les mâles paradent pour attirer d’autres femelles. Durant la saison de reproduction, ces derniers se parent d’un collier contrasté de noir et blanc. Lors de la parade nuptiale, ils émettent un « pet » sonore qui donne son nom à l’espèce (la cane qui pète).
L’espèce préfère les zones moins pâturées. Cela permet aux femelles de cacher leur nid et de trouver plus facilement les insectes pour alimenter leurs poussins.
L’OEDICNÈME CRIARD OU BURHINUS OEDICNEMUS
Cet oiseau crépusculaire a de grands yeux jaunes qui lui permettent de mieux voir dans la pénombre. Au plumage mimétique et très discret, il est difficilement observable mais il chante dès la tombée de la nuit.
Migrateur, il arrive en Crau en mars et repart en octobre en Afrique.
Il se nourrit, entre autres, d’insectes, de grenouilles ou encore de petits rongeurs. Il niche au milieu des galets où la végétation est rare. Les couples sont très attentifs lorsque l’éclosion des œufs approche… Ils se relayent tous les quarts d’heure puis élèvent leurs petits pendant un peu plus d’un mois.
L’ALOUETTE CALANDRE OU MELANOCORYPHA CALANDRA
La plaine de la Crau concentre 95% des effectifs français. L’Alouette calandre est la plus grosse alouette européenne. La population en augmentation compte près de 200 couples. Elle se nourrit de végétaux lorsqu’il fait plus froid et de petits mollusques, de vers de terre, d’araignées aux beaux jours. Cet oiseau sédentaire niche dans une partie particulière de la Crau à végétation haute où les touffes de lavande sont abondantes.
LE ROLLIER D’EUROPE OU CORACIAS GARRULUS
C’est l’un des plus beaux oiseaux de la faune européenne et l’un des plus colorés. Cet oiseau africain est un grand migrateur qui arrive en mai et repart en octobre pour les tropiques. La population en Crau est estimée à une centaine de couples. Le Rollier d’Europe se nourrit de gros insectes, de petits mammifères et d’oiseaux.
Le mâle effectue une parade nuptiale aérienne. Elle consiste en toutes sortes de vrilles, de chandelles, de voltes, de piqués et de loopings en plongeant vers le sol. L’espèce ne fabrique pas de nid, elle dépose directement ses œufs dans une cavité naturelle.
LA HUPPE FASCIÉE OU UPUPA EPOP
La huppe fasciée est un oiseau de taille moyenne, au plumage orangé, barré de noir et blanc sur les ailes et la queue. Elle possède une huppe érectile, longue, orange, se finissant par du noir.
En Crau, la Huppe fasciée niche dans les tas de galets érigés pendant la seconde guerre mondiale à la demande de l’armée allemande craignant un débarquement aérien allié dans la plaine de la Crau. Visiteur de l’été, cet oiseau africain arrive en avril et repart en septembre. Son long bec lui est très utile pour capturer les insectes. Son nom scientifique Upupa lui vient de son chant caractéristique « oupoupou ».
LA CHEVÊCHE D’ATHÉNA OU ATHENE NOCTUA
La Chevêche d’Athéna est une petite chouette d’un peu plus de 20 cm de longueur pour une envergure de 45 à 50 cm. C’est un oiseau compact, à grosse tête, corps massif, ailes et queue courtes. Elle affectionne les grandes étendues ouvertes jalonnées d’arbres, de haies et de murs dans lesquels elle peut s’abriter. La Crau est donc pour elle un milieu idéal.
Le vocabulaire de la chevêche est assez riche. Elle est particulièrement vocale dès le crépuscule en période de reproduction. Cris territoriaux, cris d’alarme et autres traduisent son activité. Nicheur sédentaire, elle utilise le même site de ponte d’une année sur l’autre. Lors de la couvaison, la femelle est nourrie par le mâle. Actif assez tôt le soir pour chasser, c’est le meilleur moment pour chercher et observer cet oiseau dans les coussouls.
LA PERDRIX ROUGE OU ALECTORIS RUFA
La perdrix fait partie de l’ordre des Gallinacés. C’est un oiseau sédentaire très répandu en Europe. Il existe plusieurs espèces de perdrix mais la perdrix rouge, au plumage à dominante rouge ou rousse fait partie des plus courantes.
La Perdrix rouge est abondante en périphérie de la steppe où elle trouve des buissons pour abriter son nid. C’est un gibier très recherché, sa chasse est autorisée de septembre à janvier.
La perdrix rouge possède des ailes robustes. Mais grâce à ses pattes particulièrement bien adaptées pour la marche, elle préfère fuir un danger en courant qu’en s’envolant. La couleur de la partie supérieure de son plumage la rend presque invisible dans la végétation. En cas de danger son cri est rauque, sonore et répété.
D’AUTRES OISEAUX DE PASSAGE EN CRAU
LE VAUTOUR PERCNOPTÈRE OU NEOPHRON PERCNOPTERUS
Le Vautour percnoptère est l’espèce de vautour la plus menacée au niveau mondial. À l’échelle nationale, la population est répartie entre les Pyrénées qui comptent 70 couples et le Sud-Est une vingtaine dont un dans le département des Bouches-du-Rhône. Ce vautour niche dans les parois rocheuses, souvent dans des cavités ou sur des vires rocheuses. Il recherche sa nourriture dans les milieux ouverts, dans les garrigues, zones de pâturage et milieux steppiques. Présent en France de mars à septembre, il parcoure entre 5 000 et 6 000 km, en 15 à 30 jours pour rejoindre son site d’hivernage.
Sa population ayant fortement décliné ces dernières années, le Vautour percnoptère bénéficie d’un plan national d’action pour favoriser le maintien de sa population, voire son expansion.
L’AIGLE DE BONELLI OU AQUILA FASCIATA
L’Aigle de Bonelli est réputé discret et difficile à observer. Il privilégie les déplacements en vol direct, empruntant souvent les mêmes itinéraires. Il est nettement plus petit qu’un aigle royal, cependant il possède des serres presque aussi imposantes et puissantes que ce dernier. Son agilité et sa rapidité, alliées à sa force, en font un chasseur très efficace. La Crau est un formidable terrain de chasse pour cet aigle méditerranéen qui apprécie les lapins, oiseaux et reptiles. Cependant, l’Aigle de Bonelli est l’un des rapaces les plus menacés sur notre territoire. Plusieurs plans nationaux d’actions ont été mis en œuvre pour mieux connaître l’espèce et ainsi enrayer son déclin.
LE MILAN ROYAL OU MILVUS MILVUS
Louis XIII chassait en vol le Milan royal à l’aide de Faucons gerfauts dans la plaine Saint-Denis et relâchait ses prises par la fenêtre depuis le Louvre. Le nom Milan royal vient du fait que son vol était réservé à l’équipage royal.
Les populations méridionales sont sédentaires et se rencontrent dans les milieux ouverts, souvent agricoles. Ce rapace est très facile à identifier, entre autres grâce à sa longue queue rousse triangulaire, profondément échancrée, typique de l’espèce. Son régime alimentaire est très varié et dépend des conditions locales.
LE CIRCAÈTE JEAN-LE-BLANC OU CIRCAETUS GALLICUS
Le Circaète est un grand rapace d’apparence blanche assez facilement observable en vol ou perché sur le sommet d’un arbre, un rocher ou un pylône électrique. Il est un spécialiste du vol stationnaire qu’il pratique couramment, même par vent fort, pour repérer ses proies.
Les terrains de chasse sont les zones ouvertes et riches en reptiles : terrains rocailleux, clairières forestières, garrigues, etc. Sur le coussoul, il convoite le Lézard ocellé et les couleuvres qui vivent près des canaux. Les sites de reproduction sont le plus souvent des vallons présentant une grande quiétude.
LE FAUCON KOBEZ OU FALCO VESPERTINUS
Le Faucon kobez est une espèce dite grégaire, vivant généralement en colonie d’une dizaine de couples, principalement pendant les périodes de nidification. Ce petit faucon est présent en Crau d’avril à septembre. En hiver il entame sa migration vers l’Afrique australe, généralement en groupe et en compagnie d’autres espèces de faucons.
Il recherche des milieux ouverts avec une végétation peu élevée, comprenant des perchoirs et des affûts. Ses principaux habitats sont les steppes, les zones agricoles, les zones humides pâturées et parfois les zones marécageuses. Il se nourrit presque exclusivement d’insectes tels que des coléoptères, des sauterelles ou des libellules, qu’il chasse en vol.